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"On achève bien les chevaux"

Par administrateur colbert, publié le mardi 5 décembre 2023 18:40 - Mis à jour le mardi 5 décembre 2023 18:41
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Les seconde E à la maison de la Danse

Dans le cadre de leur projet de classe, le 20 novembre 2023, les élèves de 2E sont allés voir On achève bien les chevaux à la Maison de la Danse. Cette pièce adaptée du roman d'Horace McCoy, avec 32 danseurs, 9 comédiens et 4 musiciens a été mise en scène par Clément Hervieu-Léger, chorégraphiée par Bruno Bouché pour le Ballet National du Rhin. Cet article est un compte rendu du spectacle.

 

On achève bien les chevaux est un spectacle adapté d’un roman écrit par Horace McCoy, donné à la Maison de la Danse le 20 novembre 2023. Cette pièce, mise en scène par Clément Hervieu-Léger est inspirée d’une période historique qui correspond à la crise économique des années trente aux Etats-Unis. Bruno Bouché, chorégraphe, a composé les danses pour les trente-deux interprètes ; neuf comédiens et quatre musiciens occupent également la scène.

            Durant cette crise économique, beaucoup de personnes désespérées ont participé à des marathons de danse. Ces événements consistaient à mettre plusieurs duos en compétition dans le but de leur faire gagner de l’argent – et d’attirer du public. Au début de la pièce, les danseurs arrivent dans une certaine excitation, avec énergie. Au cours du spectacle, et des jours de danse, leur épuisement se perçoit peu à peu : la durée de la pièce représente en effet quelque 1500 heures de danse. Le présentateur semble ravi de la rivalité qui s’installe entre les participants ; il décide même d’instaurer de nouvelles règles au fil du marathon : le derby, qui montre les danseurs comme des animaux de course ; les faux mariages, occasion de faire de la publicité pour les marques qui financent cette performance. Le spectateur perçoit bien l’importance fondamentale accordée à l’argent. La pièce dénonce ainsi notre société de consommation et le profit que tirent certaines personnes de la misère des autres. Le directeur interpelle souvent le public, nous rappelant que nous sommes complices, et presque voyeurs, puisque nous payons pour voir des personnes souffrir. A ces moments-là, les lumières se font dans la salle, rappelant que le public fait bien partie du spectacle.

            Cette pièce nous fait réfléchir à la misère du monde et plus précisément à la manière dont nous la considérons parfois comme un divertissement. Les musiques choisies renvoient aux années trente mais aussi à notre époque, ce qui permet de faire un lien avec notre actualité. Le personnage principal, Gloria, qui « broie du noir » en permanence comme le confie le narrateur au public, pourrait ressembler à bien des êtres d’aujourd’hui.

            Ce spectacle, qui doit faire ressentir la durée inhumaine du marathon, n’est pourtant pas ennuyeux car les moments de danse obéissent à une certaine variété : les participants alternent soi et duo, dansent sans se lâcher la main, forment un unisson ou évoluent en miroir… Pendant les courses, même, ils doivent se distinguer par des portés acrobatiques souvent virtuoses. Le public constate leur épuisement lorsque les corps titubent ou tombent – mais cette variété, nourrie par la musique et les moments de jeu, rythment l’ensemble de la pièce.

Cette représentation n’est donc pas seulement l’adaptation d’un livre : elle donne aussi à voir la réalité d’un monde sans pitié, et permet de constater à quel point les personnes dans la misère sont prêtes à se sacrifier pour avoir une vie meilleure.